OPVT IDF

Titre

Le lombric, indicateur et auxiliaire de la qualité des sols franciliens


Présentation

Déployé en Île-de-France depuis 2016 en partenariat avec l'ARB Ile de France, l’OPVT permet d’analyser la répartition des vers de terre sur le territoire régional, de Paris à la Grande Couronne, et d’identifier les espèces présentes en fonction du contexte paysager et des différentes utilisations et des modes de gestion du sol. Ses premiers résultats montrent le rôle prépondérant des jardins potagers et des prairies pour héberger les vers de terre des espaces urbains.
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89 sites observés dans 51 communes

Les prélèvements de 2016 et 2017 ont été effectués pour la moitié sur des sites localisés dans la grande couronne, 28% en petite couronne et 22% à Paris (Figure 1). En majorité, les prélèvements se sont situés dans les pelouses urbaines (37%) puis les jardins potagers (30%), les prairies (19%) et les zones boisées (14%). La majorité des sites dans les pelouses urbaines sont localisés en petite couronne (13 sites). La grande couronne concentre les sites en jardin potager (17 sites) et en prairie (13 sites) alors que Paris concentre les sites en zone boisée notamment bois de Boulogne et bois de Vincennes (6 sites).



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Figure 1 - Nombre de sites de prélèvement par zone et par type d'habitat



Les résultats ont été calculés à partir de l’agrégation des données 2016 (40 sites) et 2017 (49 sites, différents de ceux de 2016) générées à partir des protocoles « Test bêche » (75 sites) et « Moutarde tri manuel » (14 sites). Ces deux protocoles OPVT ont en commun résolution taxonomique et classe d’abondance contrairement au protocole « Moutarde » (26 sites) dont les données n’ont pu être intégrées dans ce cadre. Au total, l’échantillon est de 89 sites répartis sur 51 communes (Figure 2).



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Figure 2 - Nombre de prélèvements par commune en 2016 et 2017



Résultats d'abondance

Les sols des sites de prélèvement OPVT en Île-de-France présentent une abondance lombricienne, toutes espèces confondues, relativement élevée, égale, en moyenne, à 316 ind/m². Elle est très variable et s’échelonne de 17 à 1413 ind/m².

Une majorité des sites a une abondance élevée (de 300 à 600 individus par m², 36%) à très élevée (plus de 600 individus par m², 9%) soit un total de 45% (Figure 3).



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Figure 3 - Répartition des sites en fonction des seuils d'abondance



32 % des sites ont une abondance d’un niveau moyen avec de 150 à 300 individus par m² alors qu’une minorité des sites d’Île-de-France a une abondance d’un niveau faible (de 25 à 150 individus par m², 21%) à très faible (moins de 25 individus par m², 2%) soit 23%. Les différentes classes d’abondances utilisées ont été définies sur la base des mesures effectuées au niveau national.

L’abondance discrimine les quatre grands types d’occupation du sol. (Figure 4) Les jardins potagers (368 ind/m²) et les prairies (355 ind/m²) présentent de grandes densités. Les pelouses urbaines (294 ind/m²) et les zones boisées (225 ind/m²) restent d’un niveau moyen. Dans ce dernier milieu, le décrochage de l’abondance peut s’expliquer en partie par une concurrence accrue des arthropodes davantage présents dans ces milieux. La richesse moyenne discrimine l’occupation du sol de façon équivalente à l’abondance sauf dans les zones boisée où elle est de même ordre de grandeurs que dans les pelouses urbaines.



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Figure 4 -Abondance et richesse moyenne par type d'habitat



L’abondance relative des catégories écologiques montre la prépondérance des endogés quel que soit le type d’habitat avec cependant une présence beaucoup plus faible dans les zones boisées. Les anéciques strictes, à l’inverse, occupent davantage le sol dans les zones boisées et les pelouses urbaines. Ce sont dans ces dernières où leur abondance est la plus importante avec 74 ind/m². Les épi-anéciques et les épigés occupent une place relativement identique quel que soit l’habitat sauf dans les pelouses urbaines où les deux catégories sont moins abondantes (Figure 5).



Habitat

Figure 5 - Abondance relative des groupes fonctionnels par type d'habitat



Abondance et richesse

Le référentiel défini au niveau national permet d’apprécier la richesse selon les seuils suivants : faible (moins de 3 taxons), moyen (plus de 3 à 5) et élevé (plus de 5 taxons). La classification des 90 sites de prélèvement en fonction des seuils d’abondance et de richesse fait apparaitre que 35 sites (39%) ont une abondance élevée et une richesse élevée. En part équivalente, 36% ont une abondance faible et une richesse élevée. 20% ont une abondance et une richesse faibles. Peu de sites (5%), ont cependant une abondance élevée associée à une richesse faible (Tableau 1).



Abondance Elevée 5% 39%
Faible 20% 36%
Faible Elevée
Richesse

Tableau 1 - Abondance relative des groupes fonctionnels par type d'habitat



Cette répartition se retrouve proportionnellement dans les jardins potagers et les prairies (Figures 6 & 7). Dans les pelouses urbaines et les zones boisées, les sites avec une abondance et une richesse faibles sont les plus nombreux proportionnellement. Dans les zones boisées, les sites avec une abondance faible et une richesse élevée sont prépondérants.



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Figure 6 - Abondance et richesse par type d'habitat



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Figure 7 - Classification des sites de prélèvement en fonction de l’abondance et de la richesse



Répartition par zone géographique

En moyenne l’abondance des vers de terre est plus importante en petite couronne avec 413 ind/m² contre 286 ind/m² à Paris et 275 ind/m² en grande couronne. La richesse moyenne semble présenter un patron identique mais pas significatif : en moyenne 7,1 taxons à Paris, 7,2 taxons en petite couronne et 7,0 taxons en grande couronne (Figure 8).



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Figure 8 - Abondance et richesse moyenne par zone



La répartition des types d’habitat par zone (Figure 9) en grande couronne suit l’ordre constaté au niveau régional (Figure 4) : la densité décroit des jardins potagers aux prairies, puis des prairies aux pelouses et enfin des pelouses aux zones boisées. Par contre à Paris et en petite couronne, Les prairies hébergent la plus grande densité en individus, suivies respectivement des jardins en Petite couronne et des pelouses dans Paris. A noter que les quatre types d’occupation du sol ont tous des densités élevées en Petite Couronne. (>300 ind./m²).



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Figure 9 - Abondance relative des types d'habitat par zone



Communautés lombriciennes et pratiques de gestion des sols

Conjointement aux suivis, des données sur les modes de gestion sont collectées auprès des participants. Ainsi la fréquence de travail du sol, le type d’outils pour travailler la terre (motoculteur, grelinette, …), les amendements apportés et la fréquence de ces apports (engrais chimiques, fumiers), l’utilisation de produits phytosanitaires, la tonte, le fauchage ou le pâturage des surfaces en herbe, etc., sont recueillis auprès des gestionnaires. Ce recueil permet d’estimer l’impact de ces pratiques sur les communautés lombriciennes et éventuellement de fournir des éléments d’explication des patrons observés dans les différents habitats. Elles ont aussi pour objectifs de formuler des recommandations de gestion afin de favoriser la faune lombricienne. Par exemple, la fréquentation élevée des pelouses urbaines a pour effet de compacter le sol et de réduire la présence des endogés au bénéfice des anéciques, véritables « perforateurs » du sol comme le montre la Figure 5. De même, un travail régulier de la terre avec des engins rotatifs, type fraise de motoculteur a pour effet de « vider » le sol de ses vers de terre, notamment les endogés et les épigés.

Toutefois, ces données relatives aux usages et pratiques de gestion des parcelles, collectées en Île-de-France, ne sont encore pas suffisamment nombreuses et complètes pour pouvoir fournir des résultats représentatifs et robustes.

La Figure 10 montre l’effet du type de couverture du sol sur l’abondance moyenne des groupes fonctionnels à partir de données collectées en Bretagne sur un grand nombre de sites.



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Figure 10 - Abondance moyenne et couvert du sol (ind./m²) - OPVT Bretagne



Une nécessaire mobilisation des observateurs

Le déploiement de l’OPVT en Île-de-France a permis après ces deux premières années d’exercice de dresser un premier portait de la répartition des vers de terre dans la région et des taxons en place. Il montre le rôle prépondérant que jouent l’occupation et l’utilisation du sol sur le peuplement lombricien. En particulier, comme cela s’observe dans d’autres villes de France (cf programme JASSUR), les jardins potagers et les prairies se montrent plus favorables au développement des communautés lombriciennes que les pelouses ou les zones boisées. Reste que le rôle des pratiques de gestion des sols sur les peuplements lombriciens pourrait être approfondi et mis en relation avec les variations d’abondance constatées. Un tel travail repose sur la poursuite des échantillonnages par la communauté d’observateurs, voire l’extension de cette communauté.



Remerciements

Merci à l’ensemble des observateurs de l’OPVT d’Île-de-France qui ont permis de collecter les données présentées ici ainsi que les partenaires ayant accueilli les formations (Ville de Paris, Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise, Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, PNR de la Haute Vallée de Chevreuse, Réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais).

Ressources

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